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Sororité en 2025 : entre idéal partagé et réalité inachevée

Parler de sororité en 2025, c’est évoquer un mot qui a gagné en visibilité, en force, mais aussi en contradictions. Sur les réseaux sociaux, dans les cercles militants, dans les médias, on célèbre cette idée d’alliance entre femmes, fondée sur l’entraide, l’écoute, la reconnaissance mutuelle. Pourtant, derrière les discours inspirants, une réalité plus complexe persiste : la sororité reste trop souvent à sens unique.

Une utopie consommée plutôt que construite

Trop veulent recevoir sans donner. Elles aspirent à être écoutées, valorisées, soutenues, mais peinent à rendre ces mêmes gestes à d’autres. Résultat : certaines femmes investissent temps, énergie et empathie, pendant que d’autres prennent sans se retourner. Cette dissymétrie, loin d’être un détail, sape les fondations mêmes de la sororité.

La sororité, ce n’est pas une faveur offerte, ni une posture à adopter. C’est une responsabilité mutuelle. Un engagement qui demande du temps, du soin, et parfois même des renoncements. Elle n’est pas un service client de l’émotion, mais une pratique active et consciente.

Un concept exigeant dans une époque individualiste

Nous vivons dans un monde qui valorise l’individu, la performance, la mise en avant de soi. Dans ce contexte, la solidarité réelle – celle qui coûte, qui demande des efforts – est souvent reléguée au second plan. Il est plus facile de poster un message sororal que de tendre réellement la main à une femme en détresse, d’écouter sans juger, ou de partager une opportunité professionnelle sans rien attendre en retour.

Mais sans engagement réciproque, la sororité se vide de son sens. Elle devient un mot creux, un vernis social, une illusion de communauté.

Refonder la sororité sur des bases honnêtes

Reconnaître ces failles, c’est ouvrir la voie à une sororité plus lucide. Une sororité qui ne se veut pas parfaite, mais vraie. Elle commence par de petits gestes : répondre à un appel à l’aide, transmettre une ressource, recommander une autre femme, se remettre en question, donner la parole à celles qu’on n’entend jamais.

Elle demande aussi de poser des limites. La sororité ne signifie pas s’épuiser pour les autres. Elle implique un équilibre : donner sans se sacrifier, recevoir sans exiger.

Vers une sororité plus mature

En 2025, la sororité doit évoluer. Elle doit sortir de l’image idéalisée pour devenir une pratique solide, consciente, partagée. Cela passe par l’éducation, par des exemples concrets, par des collectifs ancrés dans le réel. Elle ne sera jamais parfaite – et c’est tant mieux. Mais elle peut devenir plus juste, plus courageuse, plus humaine.

Et si la véritable révolution sororale était celle de la responsabilité partagée ?