18 May
18May

Par LeafaMagazine

Dans une époque où les rôles de genre sont sans cesse repensés, une phrase résonne comme une provocation douce ou un appel à la réflexion : « La femme porte la sécurité et l’homme l’invente. » Que dit-elle vraiment de notre vision du féminin, du masculin, et de la société ?

À première vue, cette assertion semble figée dans une vision binaire des genres : l’homme crée, la femme incarne. Il y a l’idée que l’homme conceptualise, invente des systèmes — lois, technologies, structures sociales — pendant que la femme, elle, les fait vivre, les rend réels, les habite. On pense à la maternité, au foyer, au soin, à ces espaces souvent assignés au féminin.

Mais cette phrase ne mérite-t-elle pas une relecture plus profonde, voire un détournement ?

La sécurité comme expérience vécue

Porter la sécurité, ce n’est pas seulement protéger. C’est aussi ressentir la nécessité d’un cadre sûr, de stabilité, d’équilibre. Les femmes, dans de nombreuses sociétés, vivent en première ligne l’insécurité : dans la rue, dans les transports, parfois même à la maison. Elles savent ce que cela signifie de chercher la sécurité, non pas comme une abstraction, mais comme un besoin vital. En ce sens, elles la portent, car elles en supportent souvent le manque.

Et l’invention alors ?

L’homme invente-t-il la sécurité ? Ou a-t-il plutôt longtemps eu le pouvoir de décider ce qui doit être sécurisé, et comment ? Inventer la sécurité, ce peut être poser des verrous — mais qui les contrôle ? Créer des lois — mais qui les écrit ? Concevoir des systèmes — mais pour qui sont-ils faits ?

Il est temps de sortir de cette vision où l’un crée et l’autre applique. Aujourd’hui, les femmes aussi inventent la sécurité : dans les mouvements sociaux, dans l’architecture, dans les politiques publiques. Et les hommes, eux aussi, peuvent la porter : en devenant alliés, en prenant part à l’éducation, en incarnant des formes de masculinité non violentes.

Vers une sécurité partagée

La sécurité ne devrait plus être une tâche confiée à un genre. Elle doit devenir un langage commun, une responsabilité collective, une invention à plusieurs voix.

Alors peut-être faut-il réécrire cette phrase, à la lumière du présent :« La sécurité se porte et s’invente ensemble. »

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